Association Yom Hashoah

Hommage

Ruth Fayon

Rompre le silence, son propre silence, Ruth Fayon connut le chemin douloureux que d’autres ont emprunté avant elle, celui qui mène de l’enfer à sa mise en récit. Le long chemin du mal et de la mort vers la vie et la parole. Témoigner pour dire et répéter encore l’horreur, l’indicible, pour s’ériger contre toutes les formes d’amnésie.

Comme d’autres, Primo Lévi, Jean Améry, Piera Sonnino, ou d’autres encore, elle suivit les pas des indispensables voix qui impriment à nos consciences la réalité du mal, celui qui appartient à l’histoire, aux films d’archives en noir et blanc hantés par les corps anéantis, mais aussi le mal quotidien, ici-bas, contre lequel la vigilance est toujours de mise.

Ses voix, sa voix, leurs histoires, mais aussi une histoire universelle et intemporelle, celle de la destruction de l’homme par l’homme, l’histoire de la haine et de la mort. Une histoire qui est aussi celle de la vie, de la force de la vie, de l’espoir, de la possibilité de survivre à l’anéantissement, de se survivre à soi-même.

Ruth témoigna, même si elle sut, comme d’autres, qu’une part irréductible de cette expérience universelle et si particulière à la fois est impossible à comprendre tout à fait pour ceux qui ne l’ont pas vécue.

Lutter en témoignant sans relâche, comme elle le fit voilà 36 ans pour la première fois dans la classe de son fils Sam, dont j’étais alors le prof.

Le pari de sa vie, ce fut l’espoir.

Manuel TORNARE

Conseiller Administratif, Ville de Genève et Député